Il y a des artistes à propos desquels il est très simple d’écrire.

Leur démarche est clairement exprimée. Leur signature, directement identifiable. Leur parcours, parfaitement tracé.

Et puis il y a les autres. Les indisciplinés. Ceux qui se foutent des étiquettes. Ceux qui se laissent porter par le vent et expérimentent sans cesse (les techniques, les supports, les approches, …).

Prenez François Burland…

Il griffonne. Il dessine. Il bricole des jouets à partir de matériaux de récupération. Il construit de drôles d’engins recyclés, propose des installations monumentales. Il revisite les poyas sur du papier d’emballage. Il imagine des broderies, des gravures, des estampes hors normes. Il détourne l’existant et crée des affiches irrésistiblement décalées.

Et quand on lui demande pourquoi, il répond, le plus simplement du monde : « Moi, je fais des trucs, je suis une machine à faire des choses parce que je m’emmerde, parce que j’ai peur et puis il faut que je m’occupe. Donc pour ne pas emmerder ma femme, mes amis, je passe dix heures ou plus dans mon atelier et je fais des trucs » (source : Interview Les matinales d’Espace 2)

Il n’est donc pas étonnant que son œuvre fasse aujourd’hui partie de la collection « Neuve Invention » conservée à la Collection de l’Art Brut de Lausanne. Une collection qui, je cite, « regroupe un ensemble d’œuvres subversives et inventives réalisées par des artistes en porte à faux avec le milieu culturel régi par les galeries et musées ».

En effet, François Burland n’a pas de formation académique classique. C’est un autodidacte.

Autre spécificité de la collection Neuve Invention, les artistes s’y démarquent par « les procédés stylistiques mis en œuvre, les matériaux employés ou les choix iconographiques audacieux ».

Alors là, clairement, François Burland – fan des matériaux recyclés, tous supports et formats confondus – est pile-poil dans la « cible » !

Il y a également cet élan créatif spontané et vital qui le rapproche des artistes d’Art Brut. Une intuition qui le (trans)porte presque malgré lui. Il dira d’ailleurs : « Je fais des choses sans savoir pourquoi je les fais ».

Si vous avez lu cette note jusqu’ici, c’est bon signe. Signe que ce créateur hybride et audacieux vous parle.

Alors l’info qui suit devrait vous plaire : François Burland est à Bruxelles ! Enfin, pas lui personnellement… mais son œuvre. Une partie du moins.

Jusqu’au 12 juin, le Art & marges musée-museum propose Atomik Bazar. L’occasion de découvrir de visu le joyeux bazar de cet artiste suisse.

La scénographie est remarquable et met parfaitement en valeur les œuvres tantôt provocantes, tantôt absurdes de François Burland. François Burland & Co puisque l’artiste s’est entouré de plein de gens pour réaliser ce projet. Des jeunes immigrés mais aussi des femmes Touaregs, des roms, des gitans, … Il avoue à ce propos : « Moi, ce que j’aime, c’est le faire ensemble ».

Comme François Burland, « je m’ennuie vite ». Et là, je ne me suis pas ennuyée une seconde ! Mieux, j’ai ri. Beaucoup. Et je n’étais pas la seule. D’autres se sont esclaffés en découvrant les slogans placardés sur les murs du musée.

François Burland est inclassable. Il aime « évoluer au gré de sa fantaisie, de ses rencontres, de ses envies ».

Un homme libre, en quelque sorte. A l’image de ces hommes bleus du désert qu’il aime tant.

Atomik Bazar (François Burland)
Du 5 février au 12 juin
Art & marges musée-museum
Rue Haute 312-314, 1000 Bruxelles

Site web : http://www.artetmarges.be/index.php/fr
Page Facebook : https://www.facebook.com/artetmarges/info/?tab=overview
François Burland : https://www.facebook.com/francois.burland.1?fref=ts

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Adolf Wölfli et Baudouin de Jaer