
J’allais donc à Vienne pour Klimt, Schiele et Kokoschka.
Je suis revenue le cœur plein de Lee Miller, Hundertwasser et Rinko Kawauchi.
Commençons par Lee Miller si vous le voulez bien. Aux premiers abords, en apercevant de loin l’affiche publicitaire, j’ai cru qu’il s’agissait de Julia Margaret Cameron.
Je m’approche : Lee Miller, à l’Albertina du 8.5.2015 au 16.8.2015.
Naïvement, je pensais y découvrir une photographe… J’y ai découvert une photographe, certes, mais également un modèle, une muse, une photo journaliste, une correspondante de guerre. J’y ai découvert une femme exceptionnelle au destin hors du commun.
Née aux Etats-Unis en 1907, Lee Miller devient modèle. Pour son père d’abord. Pour le magazine Vogue ensuite. Elle représente l’idéal féminin des années vingt/trente, son côté garçonne séduit.
L’été 1929, elle quitte l’Amérique pour Paris où elle fait la connaissance de Man Ray. Elle devient sa compagne, sa muse et son modèle. A ses côtés, elle s’initie aux techniques de laboratoire et de prises de vue.
En 1932, elle quitte Man Ray et rentre à New York où elle ouvre son propre studio photo.
Deux ans plus tard, elle épouse un riche homme d’affaires égyptien et s’installe au Caire, où elle photographiera le désert et les sites archéologiques.
En 1937, elle rencontre le poète, photographe et peintre surréaliste Roland Penrose qui deviendra son second mari.
A ses côtés, elle fréquente le cercle des surréalistes et devient modèle pour Picasso.
Dès 1940, elle travaille pour Vogue, à Londres.
La guerre éclate. Lee Miller a 39 ans et devient correspondante de guerre au sein de l’armée américaine. Ses reportages sont publiés dans Vogue. Elle couvrira le débarquement en France des soldats américains accompagnée de David Scherman, photographe de Life. Elle parcourra ainsi l’Allemagne, l’Autriche et les camps de Dachau ou de Buchenwald.
A partir de 1948, mariée à Roland Penrose, elle arrêtera progressivement toute activité photographique.
Ok, ça, c’est l’info biographique.
Mais qu’est ce qui m’a réellement séduite chez Lee Miller ?
D’abord, elle fut l’égérie des plus grands artistes du 20ème siècle : photographiée par Man Ray ; peinte par Picasso ; filmée par Cocteau.
Ensuite, elle sut s’imposer aussi bien devant que derrière l’objectif. Lee Miller ne s’est pas limitée à inspirer les plus grands, elle est devenue l’une d’entre eux, annihilant par la même occasion tous les préjugés liés aux femmes en général et aux belles femmes en particulier. La femme coupée en morceaux par Man Ray est rapidement devenue une femme, non pardon, une artiste à part entière.
Enfin, son courage. Et il en faut pour devenir correspondante de guerre, pour partager la vie quotidienne des soldats, pour témoigner de la libération des camps de la mort et révéler la violence de l’Holocauste. Peu de temps après le suicide d’Hitler, Lee Miller se rend à son appartement privé de Munich et y pose nue, dans la baignoire personnelle du dictateur. Pied de nez à la fin de la guerre et du Reich. Si ça, c’est pas un acte de bravoure et de courage !
Et puis, Lee Miller, elle est surréaliste. Tellement surréaliste. J’ai lu à son propos qu’elle était surréaliste avant même de savoir ce qu’était le surréalisme. Et ça se sent. Et c’est ça que j’aime profondément chez cette artiste. Ça, et tout le reste.

Images : http://www.albertina.at
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