« Jatto with Mainasara ». Rarement une œuvre m’a fait autant d’effet.

Les « Gadawan Kura », vous connaissez ? Ce sont les « hommes hyènes », rendus célèbres grâce au photographe sud-africain Pieter Hugo.

En 2003, le photographe reçoit d’un ami nigérian une photo d’hommes promenant des hyènes en laisse dans les rues de Lagos. Quelques mois plus tard, la presse locale leur consacre un article, les décrivant comme violents et dangereux.

Deux ans plus tard, Pieter Hugo se rend sur place et découvre une troupe itinérante vivant de spectacles organisés dans la rue et de la vente de médicaments traditionnels. A leur côté, des hyènes, des babouins, un python et… une fillette.

En 2007, sa série « The Hyena & Other Men » fait le tour du monde et propulse Pieter Hugo sur la scène internationale.

Sa marque de fabrique ? Une ambiance désaturée, une lumière sale et diffuse, des ombres imperceptibles qui donnent à l’ensemble un côté post-apocalyptique.

Pieter Hugo photographie les gueules cassées, les prolétaires, les marginaux.

On pense à Diane Arbus. Comme la photographe américaine, Pieter Hugo montre les laissés pour compte de la société.

Parmi ses séries les plus célèbres il y a ses photos du Rwanda après le génocide (Vestiges of a Genocide), celles liées à l’industrie du cinéma Nollywood ou encore ses images de décharges de produits technologiques au Ghana (Permanent Error).

Certains l’accusent de sensationnalisme, de « faire de jolies photos sur des sujets qui ne le sont pas ». D’autres l’encensent comme portraitiste et témoin de son époque.

Je n’ai pas d’avis sur la question. Je sais juste que sa série « The Hyena & Other Men » est unique et puissante.

Sindika Dokolo, célèbre collectionneur, dit de l’art africain qu’il a cette particularité de nous regarder en retour jusqu’au plus profond de notre âme.

C’est l’effet qu’a eu sur moi « Jatto with Mainasara » (…)

Plus de photos de Pieter Hugo : http://www.artnet.fr/artistes/pieter-hugo/3