C’est la première fois – depuis bien longtemps – que je pars en voyage sans me soucier le moins du monde de ce que la destination pourrait avoir d’intéressant d’un point de vue artistique.

Je serais d’ailleurs passée à côté du MOCA (Museum of Contemporary Art) si l’ami chez lequel je séjournais n’avait pas insister pour que nous y allions, le jour précédent mon départ.

Alors, cette visite en valait-elle la peine ?

Il faut savoir que le MOCA est loin du centre de Bangkok. Trois BTS et 20 minutes de taxi plus tard, nous arrivons devant ce qui abrite la plus importante collection d’art contemporain de Thaïlande.

Nous sommes accueillis sur place par la fleur de lotus géante de l’artiste Nonthivathn Chandhaphalin : “Happiness”.

J’avoue, j’ai parcouru les 5 étages du musée au pas de course. Cela ne m’a toutefois pas empêchée de me faire une idée générale de ce que j’y ai vu.

Beaucoup de peintures, contrairement aux autres musées d’art moderne déjà visités.

Assez peu d’art conceptuel, d’installations, de sculptures ou de photographies, étrangement.

Les œuvres exposées m’ont déstabilisée de part leur côté bariolé, ultra coloré, presque psychédélique. Oserais-je dire « kitsch » ? Les toiles grouillent littéralement de motifs décoratifs. L’accumulation quasi baroque est déroutante. Heureusement, le bâtiment brille par son architecture minimaliste et épurée. Du coup, ça fait contre-poids.

Troublant également, le fait que la reproduction du réel soit prépondérante. Peu d’abstraction. On est en plein dans le réalisme et le post-réalisme.

Quant aux thématiques, elles sont étroitement liées aux mythologies asiatiques, ce qui rend les œuvres souvent difficiles d’accès pour les non-initiés.

Bref, impression mitigée si ce n’est deux ENORMES coups de cœur !

La premier, pour l’artiste thaïlandais Thawan Duchanee. J’aurais difficilement pu le rater vu que le musée lui consacre un étage entier. En même temps, Thawan Duchanee est l’artiste national par excellence.

Né en 1939 à Chiang Rai (dans le nord de la Thaïlande), Thawan Duchanee a d’abord étudié l’art au Collège des arts et métiers de Bangkok. Pour ensuite continuer son cursus à la prestigieuse Université de Peinture, Sculpture et Art Graphique de Silpakim. En 1964, il quitte l’Asie pour Amsterdam. Quatre années plus tard, il sort diplômé de l’Académie royale des arts visuels.

Son œuvre est sombre, tourmentée. A mille lieux de ce que j’ai pu voir aux étages précédents. Le graphisme est affirmé et joue sur les contrastes de gris. Blanc, noir, rouge, or sont les couleurs sur lesquelles se déclinent la plupart de ses œuvres. L’univers de Thawan Duchanee est mouvementé, parfois violent. Il s’en dégage une énergie vitale puissante.

Est-ce l’influence européenne qui fait que l’œuvre de Thawan Duchanee me parle plus que celle de ses compatriotes ? Peut-être. Finalement, qu’il s’agisse d’art ou d’esthétisme, on en revient toujours au même : la beauté est dans l’œil de celui ou de celle qui regarde.

Second coup de cœur : le tryptique monumental des artistes thaïlandais Sompop Budtarad, Prateep Kochabua et Panya Vijinthanasarm. Les trois royaumes mystiques y sont représentés : le ciel, la terre et l’enfer. Une œuvre magistrale, de toute beauté, à laquelle on accède via un tunnel sonore et lumineux.

Le Museum of Contemporary Art de Bangkok a été construit récemment, en 2012, à l’initiative d’un richissime homme d’affaire thaïlandais, grand collectionneur d’art. La majorité des œuvres exposées est d’ailleurs issue de sa collection privée.

Qu’on aime ou qu’on n’aime pas l’art contemporain thaïlandais, la démarche derrière le MOCA vaut franchement la peine d’être saluée : soutenir l’art thaïlandais et le perpétuer aux jeunes générations.

Rien que pour ça, le MOCA mérite de détours ;)

MOCA Museum of Contemporary Art
499 Kamphaengphet 6 Road, Ladyao, Chatuchak, Bangkok 10900 Thailand

Site officiel : https://mocabangkok.com
Facebook : https://www.facebook.com/MOCA.BKK
Instagram : https://www.instagram.com/mocabangkok