Ce blog aurait pu s’appeler Ma petite Histoire de l’Art Brut tellement l’Art Brut y tient un place importante.

Le plus drôle, c’est qu’avant son ouverture (en 2014) je n’avais JAMAIS entendu parler de l’Art Brut !

Je l’ai découvert – un peu par hasard – grâce à l’expo Du nombril au cosmos, Autour de la collection abcd / Bruno Decharme organisée à l’art et marges musée, un musée d’art outsider proche de la place du Jeu de Balle à Bruxelles.

Ont suivi la rencontre avec Bruno Decharme et Barbara Safarova ; l’interprétation de Baudouin de Jaer ; la visite de la Collection de l’Art Brut à Lausanne ; …

Je ne pouvais donc pas, décemment, rater l’Outsider Art Fair de Paris.

Direction Paris ! Et plus exactement le 9ème arrondissement, à deux pas de l’Opéra Garnier. L’Hôtel du Duc y accueille la 5ème édition de la Foire d’Art Outsider. Une foire créée sur le modèle de l’Outsider Art Fair de New-York, une institution depuis plus de vingt ans.

Une trentaine de galeries internationales s’y sont donné rendez-vous afin d’échanger sur ce que le monde compte de plus riche en matière de créations autodidactes et marginales.

J’y ai fait quelques belles découvertes parmi lesquelles…

• Les dessins aux mines graphite et aux crayons de couleur de Stéphanie Sautenet

• Les représentations complexes noir et blanc de Chris Neate

• Les figures énigmatiques et chimères architecturées de Evelyne Postic

Mais mon GROS coup de coeur, je l’ai eu pour un artiste japonais du doux nom de Isao M’onma.

De cet artiste, je sais peu de choses si ce n’est qu’il vit à Tokyo, qu’il a une soixantaine d’années et qu’il parle peu de son processus créatif. L’homme aurait eu, vers quarante ans, une vision et se serait mis à créer sous l’impulsion d’un « esprit ». Il parle de « force divine » et crée dans des états de transe, loin, à l’abris du monde, caché dans les montagnes ou dans des temples Shinto.

Alors, ais-je aimé l’Outsider Art Fair de Paris ?

Oui, bien plus que la majorité des foires d’art vues jusqu’à présent. J’ai aimé son côté intimiste. Le fait d’être proche des oeuvres et des galeristes.

Par contre, tout le long de ma visite, j’ai ressenti un malaise. Pas par rapport aux personnes présentes, non… mais vis à vis des absents. Les artistes. Leur non-conformisme, leur maginalité, leur misère (pour certains) ne sont-ils pas en total décalage avec le confort et l’élégance de cet hôtel particulier ? Embourgeoiser l’Art Brut n’est-il pas une gageure, une insulte à ses créateurs ?

« Le paradoxe est flagrant : dessins, peintures et sculptures nés dans des conditions parfois misérables, souvent douloureuses, dans l’enfermement ou la maladie, en dehors de tout espoir de reconnaissance et de toute pensée de vente, sont montrés et vendus avec tout le confort désirable –– montrés comme des objets d’art alors qu’ils répondaient à de tout autres nécessités, l’exorcisme ou l’ex-voto, la prière ou l’aveu. Il pourrait y avoir, dans cette contradiction matière à indignation. Mais ce sentiment ne peut durer, parce que les œuvres sont, pour certaines, d’une intensité et d’une singularité si grandes qu’on en oublie les circonstances…. » (En marge de la FIAC, une foire d’art brut tout confort – Le Monde – 25.10.2013)

Le débat reste ouvert (…)

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