Liberté, j’écris ton nom

PretaLiker-la-facade-du-Centre-Pompidou-s-orne-de-la-poesie-de-Paul-EluardLiberté, j’écris ton nom.

Comme beaucoup, j’ai appris ce poème à l’école.

Comme beaucoup, je l’ai ânonné « bêtement ».

Aujourd’hui, il prend une dimension nouvelle.

En hommage aux victimes des attentats de Paris, le Centre Pompidou a déployé sur sa facade une bâche de 13 mètres sur 9 célébrant le vers de Paul Eluard.

« Liberté, j’écris ton nom » est le premier poème du recueil « Poésie et vérité » publié clandestinement en 1942, en pleine Seconde Guerre mondiale. En résonance à l’appel du 18 juin 1940 du Général de Gaulle, ce message d’espoir veut redonner confiance en dépit de l’occupation allemande et du climat de terreur. Les vers d’Eluard prônent la liberté, malgré la menace et la peur.

La même année, des milliers d’exemplaires de ce poème furent parachutés par des avions britanniques de la Royal Air Force au-dessus du sol français.

« Liberté, j’écris ton nom » est composé comme une incantation. Sa construction, répétitive, suit une progression chronologique et retrace la vie d’un homme depuis l’enfance jusqu’à un futur rêvé. Parce que la liberté est le combat de toute une vie. En utilisant un vocabulaire simple, Eluard veut être compris par tous et marquer les esprits.

Percutant et surréaliste. Aviez-vous remarqué, enfant, que le poème ne comprenait aucune ponctuation ? Et bien, c’est typique de l’écriture surréaliste !

Le Centre Pompidou donne une dimension supplémentaire à son geste en choisissant l’édition en accordéon de 1953, illustrée par Fernand Léger, en hommage à Eluard (son ami) qui vient de mourir.

On y retrouve le visage du poète que Léger réalisa en 1917.

Tiré à 212 exemplaires, ce « poème-object » est imprimé en utilisant la technique du pochoir. Ce qui lui donne un petit air de prospectus publicitaire et le rend familier. De par sa forme (l’accordéon), il fait référence à la culture populaire des bals musettes. Il rappelle l’art du cirque également.

Il se démarque par sa gamme chromatique réduite.

On dirait presque un dessin d’enfant, naïf, chaotique, célébrant la joie et l’insouciance.

Comme le fit Eluard en 1942, Fernand Léger choisit la simplicité et l’accessibilité.

Il décida d’illustrer de manière joyeuse et festive un texte engagé, lié à un épisode sombre de l’histoire.

Il prit le parti de célébrer la vie, envers et contre tout.

Merci au Centre Pompidou pour ce message fort rappelant à tous qu’il faut garder confiance, ne pas avoir peur, préférer la création à la barbarie et célébrer ce que nous avons de plus cher : notre liberté.

liberte-fernand-leger