« Le Peigne du Vent » d’Eduardo Chillida (San Sebastian, Espagne)

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Ma fille de 9 ans et moi-même avions un deal : une journée au Guggenheim de Bilbao CONTRE quatre jours à San Sebastian, la célèbre station balnéaire du Pays Basque espagnol.

Ok, je perdais un peu au change mais, c’est bien connu, les enfants sont de redoutables négociateurs ;)

Je pensais donc traîner la patte quatre jours, de plage en plage, sous un soleil de plomb… à engloutir des Pintxos tout en rêvant au Guggenheim et à « Maman », sa précieuse sentinelle.

Que nenni !

A San Sebastian, j’ai découvert ce qui allait devenir l’une de mes oeuvres préférées : « El Peine del Viento » (« Le peigne du vent ») de l’artiste basque espagnol Eduardo Chillida.

Au pied du mont Igueldo, face à l’océan Atlantique, s’érigent trois sculptures monumentales, incrustées dans la roche. Mordus par la rouille, ces géants d’acier de neuf tonnes chacun bravent les éléments : le vent, la mer, le froid. Les jours de tempête, à marée haute, de grands jets d’eau sont expulsés non loin des sculptures, par le biais de tunnels souterrains et d’orifices creusés dans le sol. L’air propulsé siffle. C’est l’orgue de Chillida, signé Luis Peña Ganchegui.

J’ai découvert « El Peine del Viento » par hasard. Ma première pensée fut pour les menhirs de Carnac. Avec cette même impression de mystère, de sacré, de force et de parfaite harmonie avec la nature. « Le peigne du vent » semble avoir toujours été là, depuis la nuit des temps.

Or, ce n’est pas le cas. L’oeuvre a été réalisée en 1976, trois ans après ma naissance. Eduardo Chillida (1924 – 2002) est alors âgé de 54 ans.  Ses premières sculptures en fer remontent à 1951, à son retour de Paris. L’acier, le béton et le fer deviennent rapidement ses matériaux de prédilection. Il est surnommé « le forgeron ».

« Mon travail est une révolte contre la gravité. » L’artiste se passionne pour l’espace, les volumes et la matérialité. La dialectique entre le plein et le vide. Les formes abstraites interconnectées.

Parallèlement à son travail de sculpteur, Chillida fut également reconnu pour ses dessins et gravures.

Alors évidemment, j’ai pensé à feu mon père. Les deux artistes ont en commun la variabilité des formes, la monumentalité, le travail de l’acier mais aussi et surtout la volonté d’exposer dans les espaces publics. Dans les deux cas, on peut parler de « performances » dans le sens où leurs sculptures monumentales interviennent véritablement dans l’espace qu’elles occupent.

Les deux hommes aimaient la poésie, aussi et surtout.

Une belle découverte donc, cet été, à San Sebastian. Aussi émouvante et puissante que la visite du Guggenheim de Bilbao (…)

Plus d’infos : http://www.sansebastian.travel/fr/le-peigne-du-vent

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