Je ne me suis jamais beaucoup intéressée aux tags. Aux graffs, oui. Aux pochoirs, aux stickers, aux collages, aux fresques murales, au pixação, au street art en général, oui. Mais aux « simples » tags, non, pas vraiment. Au mieux, je ne les voyais pas. Au pire, je les jugeais durement.
« On ne peut juger un homme que quand on le connaît suffisamment. » Et bien, l’Art, c’est pareil.
Hier après-midi, j’ai donc fait le trottoir ! Et je n’étais pas seule ! Nous étions quinze. Dix-sept avec les accompagnateurs.
En chef de file : Caro Vercruysse de l’ASBL Fais le trottoir. Une passionnée de culture urbaine qui a, entre autres, co-réalisé le documentaire belge Mauvaises Herbes consacré à l’univers underground du tag à Bruxelles.
A ses côtés, Obêtre, praticien ! ENFIN ! Enfin une visite guidée qui ne donne pas envie de bailler tous les 10 mètres. Le gars, il est passionné ! Et donc, passionnant !
Comment un tagueur élabore-t-il son tag ? Y a-t-il une réelle recherche esthétique ? Comment perçoit-il la ville au quotidien ? Qu’est-ce qui le pousse à taguer ? Quelle est sa démarche ? Quels sont les risques ? Comment perçoit-il l’engouement actuel pour le street art ? Y a-t-il réellement un « business du graff » aujourd’hui ?
Attention, je parle bien à la troisième personne du singulier : IL. Parce que notre « ami praticien », IL parle en son nom et en son nom uniquement. Ce qui n’est pas plus mal finalement.
Si la beauté est dans l’oeil de celui qui regarde, la ville l’est tout autant. Obêtre ne voit pas Bruxelles comme vous et moi. Etre tagueur, c’est concevoir l’espace urbain autrement et l’appréhender avec créativité : « C’est une sacré formation d’être tagueur. Une formation en observation urbanistique et architecturale ! »
Et puis il y a l’épineuse question du « est-ce de l’art ou du vandalisme ? » Avec tout ce qui va avec : la législation, la notion de dégradation de bien public, la politique de lutte contre les tags et graffitis, les amendes, le coût du nettoyage, la brigade anti-tag (si si ça existe), les anecdotes judiciaires, les murs d’expression libre (ou plutôt leur absence), les limites d’acceptation des pouvoirs publics, …
Je n’en dirai pas plus à ce sujet. Ce qui se dit sur le trottoir, reste sur le trottoir ;)
Par contre, je peux vous dire qu’Obêtre et Caro Vercruysse, il m’ont refilé le virus ! En les quittant hier après-midi, je me suis surprise à voir des simples tags que je n’avais jamais vus jusque là. Les voir et les apprécier, à leur juste valeur.
Les prochaines visites auront lieu les 25 et 26 mars prochains, à Saint-Gilles et Forest. Ne ratez pas le coche ;)
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