Je n’ai vu qu’elle ! La couverture, j’veux dire ! Je n’ai vu qu’elle !
En même temps, c’est vrai, je suis fan des FEMEN depuis un bail. Je m’y suis intéressée pour la première fois en 2013, à la sortie du documentaire « L’Ukraine n’est pas un bordel » présenté hors compétition à la Mostra de Venise.
J’écrivais alors ceci :
C’est en 2008 que trois étudiantes de Kiev, indignées par la place réservée aux femmes dans la société ukrainienne, créent FEMEN. Ou « cuisse », en latin. Leur mot d’ordre : militer pour les droits de la femme dans un pays dominé par les hommes.
En 2009, pour la première fois dans l’histoire du féminisme, elles manifestent seins nus. Parce que de la réappropriation du corps féminin dépendra la liberté des femmes. Le retour médiatique est colossal. Depuis, les FEMEN ne cessent de faire parler d’elles par le biais d’happenings dénudés spectaculaires, parfaitement orchestrés.
Initialement, le fait de dénuder sa poitrine était symbolique. Il rappelait la condition des femmes ukrainiennes : pauvres, vulnérables, n’ayant que leur corps comme propriété propre. Au fil du temps, la nudité des FEMEN est devenue une arme redoutable qui leur assure la médiatisation dont elles ont besoin.
Mais la nudité n’est pas suffisante. Les FEMEN ont très rapidement compris et maitrisé l’art de l’image. Elles utilisent les codes de la publicité. Parce qu’une photo est plus efficace qu’un manifeste. Derrière les postures, au-delà des corps bien proportionnés et de la provocation, c’est une véritable stratégie de communication qui est déployée. On les forme, comme on forme les armées. « Nous sommes venues, nous nous sommes déshabillées, nous avons vaincu ».
Et c’est d’ailleurs ce qui plait aux membres. Le côté guerrier du mouvement. Une puissance de force et de vie qu’on ne retrouve pas dans les autres mouvements féministes, plus intellos et conformistes.
Si le combat de FEMEN vise principalement le respect des droits de la femme, ce groupe lutte également pour d’autres causes, comme la liberté de la presse, la démocratie ou encore la lutte contre l’influence des religions dans la société.
Ce groupement contestataire préconise un féminisme radical, le « sextrémisme ». Leur style ? Les FEMEN le qualifient de « pop féminisme ».
Et cetera Et cetera Et cetera.
Par contre, je ne connaissais pas Bettina Rheims (HONTE sur moi !).
Bettina Rheims est une photographe/portraitiste française née à Neuilly-sur-Seine, en 1952.
Sa carrière débute en 1978 grâce à une série sur des strip-teaseuses de Pigalle, publiée dans la revue Égoïste.
Parmi les collaborateurs d’Egoïste, Helmut Newton, qui prendra rapidement la jeune photographe autodidacte sous son aile.
Depuis maintenant 40 ans, Bettina Rheims (souvent en collaboration avec l’écrivain Serge Bramly) jongle avec les représentations du genre et les codes de l’identité sexuelle. Elle photographie des anonymes nues dans des chambres d’hôtel, des femmes célèbres (dont Madonna, Kate Moss, Catherine Deneuve, Monica Belluci ou Laeticia Casta), des détenues, des androgynes, des transsexuelles, …
Son oeuvre, iconique, est un hymne à la féminité – dans ce qu’elle a de plus complexe et de plus troublant.
Ce n’est donc pas vraiment une suprise que Bettina Rheims s’intéresse aux FEMEN. La série « Naked War » dont est issue la FAMEUSE couverture est son point de vue artistique et esthétique sur ces militantes féministes. Ces « héroines modernes » comme elle les appelle.
Le plus grand défi pour la photographe ? Ne pas les dénaturer, ne (surtout) pas en faire des « filles sexy ». NON aux jeux du charme ! NON au corps séducteur ! Ne pas en faire des guerrières non plus mais, au contraire, les adoucir, les humaniser.
Pour ce faire, elle s’inspire des petites figurines chinoises en porcelaine représentant les héroines révolutionnaires. Les peaux sont diaphanes, presque transparentes. L’aura est sacrale.
Les FEMEN sont shootées en studio, en frontal, sur fond blanc. La lumière est neutre, les poses sont simples.
Les corps sont nus, sans être ni érotisés, ni diabolisés.
Au total, vingt FEMEN ont été photographiées par Bettina Rheims. Chacune a décidé de son slogan, de la position de ses bras / de ses jambes et de sa coiffure… dans la bonne vieille logique du « Personne ne me soumet ! ».
Hélas, trois fois hélas, j’ai raté de peu l’exposition « Naked War » à la Galerie Xippas :( Mais tout n’est pas perdu, j’ai un exemplaire du magazine PHOTO de Novembre-Décembre 2017.
J’aime l’idée que le droit des femmes s’immisce partout, dans les galeries d’art, en vitrine des libraires. Et pas seulement pendant l’affaire Harvey Weinstein. Non, pas seulement…
Bettina Rheims sur Facebook : https://www.facebook.com/studio.Bettina.Rheims
Son compte Instagram : https://www.instagram.com/bettinarheims
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Site web du magazine PHOTO : http://www.photo.fr/le-mag
« Naked War » à la Galerie Xippas : http://www.xippas.com

