« Tout est triste… Vive la joie ! » (Pierre Caille)

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De Pierre Caille, je sais peu de choses.

Je sais qu’il est né à Tournai en 1911, qu’il a été orienté vers la céramique par Henri Van de Velde, qu’il est devenu par la suite professeur dans l’école qui l’a formé à savoir l’Institut supérieur des arts décoratifs (La Cambre) où il a enseigné entre 1949 et 1976.

« Sa pédagogie, toute de finesse et d’intuition, consistait à ne rien imposer, mais à faire sentir, à révéler à l’élève où se trouvait l’essentiel de ses qualités, et cela par de petites remarques, des silences parfois ou, au contraire, par des considérations apparemment éloignées de la céramique. »

Son oeuvre est multiforme et mêle différentes disciplines comme la céramique, la peinture, la gravure, la sculpture, la broderie ou encore la joaillerie.

Les quelques pièces que j’ai eu la chance de voir ont soulevé le voile d’un univers merveilleux où priment la joie, la fantaisie et la vitalité.

« Chez lui, le savoir est toujours gai, la philosophie douce, le plaisir ironique – sans le moindre cynisme. »

Enfin. Je l’ai ENFIN trouvée cette oeuvre lumineuse, à mille lieues de tout ce que j’ai pu voir les derniers mois.

« Tout est triste… Vive la joie ! »

Pierre Caille était un homme libre. Il créait par passion, pour le plaisir. Loin des contraintes, il aimait laisser libre cours à son imagination.

Le tout avec humour et légèreté.

« J’étais un valeureux petit spermatozoïde, autour de moi les autres, si nombreux, si vifs. Je suis arrivé le premier, n’en doutez pas. Maintenant, ce soir, un peu las, une question m’effleure : qu’allais-je faire, pauvre innocent, si pressé, dans cette galère? »

Mais plus encore que l’artiste, j’ai aimé l’auteur et le poète. Des écrits en parfaite adéquation avec son univers pictural, léger et subtil à la fois.

« Nos derniers instants seront, sans doute, aussi difficiles que les premiers – moins les cris perçants j’espère… »

« Je consulte plusieurs fois par jour ma montre pour m’assurer que le temps passe. »

« A quelle profondeur l’amant fou d’amour doit-il pénétrer sa belle maîtresse pour que son souvenir reste fixé dans sa mémoire à jamais ? »

« Cette façon si persuasive des femmes de montrer qu’elles ont toujours quelque chose à offrir d’intéressant. »

« Je suis reconnaissant à ceux que j’aime des sentiments que je ressens pour eux. »

« L’amour, l’amour notre seule vraie richesse qu’on croit perdu et qu’on retrouve intact sur ses genoux, joyeux, jappant comme un jeune chien perdu et retrouvé, tous les deux fous de joie. »

« J’ai parfois envie de me plaindre d’être vieux – mais pas d’être proche de mes derniers jours – je deviendrais follement inquiet si j’étais éternel. »

« Eteindre le bel incendie de la girafe en flammes de Dali, la soigner, la soulager, la rendre familière. »

L’écriture de Pierre Caille, aussi, est séduisante. Belle, ronde, régulière, rassurante. Une écriture qui rappelle l’enfance.

Pour qualifier son oeuvre, certains ont parlé d’onirisme surréaliste, de belgitude créative. Sans doute Pierre Caille se foutait-il des étiquettes.

« Je me prend parfois pour un être imaginaire – imaginé par moi-même. »

Un grand artiste belge et une oeuvre multiforme atypique à découvrir au Centre de la Gravure et de l’Image imprimée de la Louvière.

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« Merci de m’avoir parfois souri », aux éditions TANDEM

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Les Voyageurs (1980) – Métro Botanique – Bruxelles

Plus d’infos : http://www.pierrecaille.be