Faut le savoir, je fonctionne au coup de cœur. Et là, j’en ai un ENORME.
La femme que vous voyez ci-dessous est Julia Jackson, la mère de l’écrivain Virginia Woolf.
Celle qui la prend en photo est sa tante, l’anglaise Julia Margaret Cameron, l’une des photographes les plus novatrices du 19ème siècle.

Lorsque j’ai vu cette affiche, j’ai directement été frappée par son intensité. C’est comme si le modèle était physiquement là, devant moi, de l’autre côté de la rue. Son mystère, son côté onirique m’a également rappelé l’univers de Fernand Khnopff, peintre, dessinateur et graveur symboliste que j’aime tout particulièrement.
Julia Margaret Cameron a 48 ans lorsqu’elle reçoit de sa fille son premier appareil photographique. Nous sommes en 1863 et la photographie est alors une technique récente destinée à être une fidèle représentation de la réalité. Nette et précise !
Mais ça, c’était avant Julia Margaret Cameron…
Celle-ci révolutionne la photographie à deux niveaux :
– Tout d’abord, elle établit la photographie comme un art à part entière. Les cadrages serrés, les jeux d’éclairage, les effets clair-obscur, l’usage du flou, … il y a une vraie démarche esthétique et artistique. Une grande première pour l’époque !
– Ensuite, elle se rapproche de ses sujets dont elle cherche à capter la personnalité, à reproduire l’intensité psychologique. Elle crée une intimité rendue possible par le fait qu’elle connait ses modèles et leur porte un regard bienveillant.
Influencée par le mouvement préraphaéliste (dont elle fréquentait les membres), cette bonne épouse victorienne, mère de six enfants, révolutionna l’histoire de la photographie en lui apportant un point de vue résolument moderne et féminin.
Une femme indépendante qui fréquentait les milieux intellectuels et qui sut imposer dans un monde d’hommes son regard sur le monde.
Aujourd’hui, nous fêtons un double anniversaire : celui des deux cents ans de sa naissance (1815) mais également celui des cent cinquante ans de sa première exposition dans l’actuel Victoria and Albert Museum (1879).
Un double anniversaire que le Musée des Beaux-Arts de Gand (le MSK) est le seul en Europe à célébrer.
Pour ça, je leur dis BRAVO et vous invite à y découvrir – jusqu’au 14 juin – l’œuvre de Julia Margaret Cameron: http://www.mskgent.be/fr
Interview de Catherine De Zegher, directrice du musée : http://www.rtbf.be/musiq3/article_julia-margaret-cameron?id=8942277


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