Johan Opstaele est mon frère. Mon demi-frère plus exactement. Dix-neuf ans nous séparent. Il a grandi à Leffinge ; moi, à Verviers. Il est néerlandophone ; moi, francophone. En commun, nous avons un père artiste… ainsi qu’une passion pour l’art.
Johan Opstaele est né à Gand, le 23 décembre 1954. A bientôt 64 ans, il se définit comme « een jong beginnend kunstenaar », un jeune artiste débutant. Il a cette ironie naturelle qui fait de lui un être à part, énigmatique et décalé.
Très jeune, il est initié à la photo par son beau-père. Vers 15 ans, il s’oriente vers un enseignement secondaire mixte privilégiant les techniques de photographie. Son intérêt pour l’image le mène ensuite au RITCS où il étudie la réalisation et les techniques cinématographiques.
Destiné à devenir caméraman, Johan est toutefois attiré par le métier d’artiste : « L’artiste me fascinait car il me donnait l’impression d’être libre. » Son sentiment est double. Il aimerait marcher sur les traces de son père, l’artiste Raphaël August Opstaele, mais se sent d’un autre côté très éloigné de cet homme dont il est si différent.
Il a 27 ans lorsqu’un ami d’enfance, lui propose sa première collaboration artistique. Dans le cadre du festival de musique Leffingeleuren organisé à Leffinge, Johan Opstaele réalise sa première œuvre publique. L’œuvre est monumentale et symbolique : Blauw ontmoet rood.
Il se sent bien à Leffinge où il a été élevé par ses grands-parents paternels. Il y réalise différents projets artistiques dont « Kleurmodule » et « Iris-watermonument ».
Parallèlement à cela, dans les années 90, il collabore avec des amis, dont Johan Vaneessen, et réalise deux courts métrages : Containers et Dada. Ces films de fiction, projetés dans un contenair transformé en installation architecturale, seront présentés en Belgique mais également en Hollande, en France, en Angleterre et au Portugal. Une aventure commune, d’art et d’amitié, qui durera dix ans.
Johan Opstaele sort grandi de cette expérience mais décide toutefois de ne pas continuer dans le film de fiction qui ne lui offre pas suffisamment de liberté artistique. Il se consacre alors entièrement à l’art.
Les oeuvres sculpturales et les installations vidéo qui suivront sont le reflet d’un homme à la recherche de son identité : Ego projecten, Windmonument, Aangespoeld, Droomtorens & Zintuigen ou encore Stilte.
Monumentales, elles expriment une dualité. L’idée d’enfermement est omniprésente, le dedans versus le dehors. La mise en abime est récurrente.
Début des années 2000, Johan Opstaele ressent le besoin vital de revenir à plus de simplicité, d’authenticité et d’intériorité.
Depuis 2005, son travail artistique s’articule principalement autour du moment, de sa conscience et de son expérience. Une thématique introspective qu’il développe depuis 2007 dans le cadre de son doctorat intitulé « A la recherche du moment / Framing the moment ». Un doctorat financé par le KASK & CONSERVATORIUM School of Arts Gent, où il enseigne par ailleurs le cinéma depuis une quinzaine d’années.
C’est une autre facette de mon frère qu’il m’a été donné de découvrir en septembre 2017 lors du festival « Sorry, Not sorry » à Gand Dampoort : Ultra Marum / No Alphabet. Sur l’ancienne centrale de béton, Johan Opstaele imprime quatre symboles de couleur bleue outremer.
Des signes ? L’ébauche d’un mystérieux langage ? Une représentation stylisée du développement embryonnaire et fœtal ? Une signature façon street art ? Au final, chacun y a vu ce qu’il voulait y voir…
Black Meets White est la dernière œuvre en date de Johan. Elle est actuellement exposée à la Fondation Verbeke.
Haute de vingt mètres, l’œuvre monumentale symbolise la rencontre des opposés. Elle traite aussi des lignes de démarcation. Où finit notre monde intérieur et où commence le monde en dehors de nous ? Comment se rencontrent-ils ?
C’est également un monument sur la vie et la mort, ultime frontière.
Black Meets White est doublement touchante.
Non seulement elle rappelle Blauw ontmoet rood, l’œuvre par laquelle Johan débuta sa carrière d’artiste.
Mais elle est par ailleurs dédiée à deux personnes clé dans sa recherche d’identité et son parcours artistique : son ami Johan Vaneessen et notre père, l’artiste Raphaël August Opstaele, tous les deux décédés en 2018.
Et puis il y a une publication aussi, présentée officiellement à la Fondation Verbeke dimanche dernier. Et un site web : http://www.johanopstaele.be.
Voilà ce qu’on pourrait appeler un « Momentum ». Ou, comme l’aurait si bien dit notre paternel : een reis naar een nieuwe tijdperk, une transition vers une nouvelle ère (…)
Site web officiel : http://www.johanopstaele.be
Facebook : https://www.facebook.com/johan.opstaele
Fondation Verbeke : http://verbekefoundation.com/2017/03/21/johan-opstaele-be-o1954/
Je suis parvenu à votre reportage sur le « Peigne du Vent « , ensuite sur celui de votre père, maintenant votre frère.
Vous écrivez si bien. Je pense avoir tout un programme devant moi.
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