Ma relation aux artistes est assez particulière. Je cesse de m’y intéresser à l’instant même où je publie une note à leur sujet.
Une forme de Donjuanisme peut-être.
J’ai rencontré Fabienne Pennewaert le 9 mai dernier, au Plattesteen.
Entre cette rencontre et la présente note, deux mois se sont écoulés. De délicieux préliminaires durant lesquels j’ai profité pleinement de chacune de ses photos partagées sur les réseaux sociaux.
L’univers de Fabienne est sombre, intimiste, fantasmagorique, sensuel. Ses photos sont des portes entrouvertes. Un souffle, un chuchotement, une ombre, un reflet, un mouvement à peine perceptible, … Grâce au noir et blanc qu’elle affectionne, elle peut se détacher de la réalité et créer un monde à part, bien à elle. Un monde en clair-obscur emprunt de féminité et de mystère.
La femme, parlons-en ! « Je recherche pour séances photos des femmes entre 50 et 60 ans, tous types de corps, pour poser nues ou demi-nues dans le cadre d’un projet photos sur les femmes et le temps qui passe… » C’est ce qui attira, dans un premier temps, mon attention. Quel beau projet ! Aborder par la photographie le thème du temps qui passe et de l’acceptation de soi. Qu’est-ce qu’une vie de femme ? Qu’est ce que vieillir dans une société obsédée par le jeunisme et le culte du beau ? Comment les femmes vivent-elles cette transition qui s’opère à la cinquantaine ? Comment assument-elles de passer progressivement du désir à l’indifférence ? Le projet de Fabienne ? Montrer celles qu’on ne regarde plus. Leur redonner une existence par l’image. Les montrer telles qu’elles sont : vraies, belles, attirantes, désirables. Aller au-delà des conventions et des diktats. Être libre, juste libre.
En réalité, ce projet n’est pas né par hasard. Il s’inscrit dans une continuité logique et implacable.
Via des sites de rencontre, Fabienne recrute des inconnus auxquels elle donne rendez-vous dans des chambres d’hôtel. Le contrat est clair : ils sont nus; elle reste habillée. Elle les photographie. L’homme devient l’objet. Inversion des rôles. Les attitudes changent, quelque chose de différent se crée. Elle apprend à gérer la promiscuité et l’intimité, fil rouge de sa démarche artistique.
Un peu plus tard, de fil en aiguille, elle côtoie le milieu des travestis et des transgenres. Toujours ce questionnement sur l’identité, le regard de l’autre et les processus de transformation. Oser être celui ou celle que l’on veut être. Leur courage et leur détermination la fascinent. Leur histoire la bouleverse. Elle veut les mettre à nu, faire tomber les masques, tout en respectant qui ils sont. De cette série, elle garde le souvenir de rencontres d’âmes exceptionnelles et authentiques.
Redonner une existence par l’image. C’est ce qui pousse également Fabienne à s’intéresser aux femmes sans abris. Ces femmes-fantômes qu’on croise dans la rue sans vraiment les voir.
« Je n’aime pas les personnages lisses. Je ne suis pas intéressée par le bon ton ou par le politiquement correct. Les exclus et les marginaux, par contre, m’attirent énormément. »
Avec Fabienne, nous avons discuté deux bonnes heures. J’ai aimé sa sincérité, sa vulnérabilité et son ouverture d’esprit. J’ai retrouvé en elle, tout ce qui m’avait plu dans ses photos.
Une photographe en pleine mutation (personnelle et artistique) qui nous réserve encore de beaux et intenses clichés.
A suivre sur :
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