Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis !
J’ai découvert l’expo Dali il y a deux semaines. J’en suis sortie décontenancée et perplexe. Décontenancée car ça ne ressemblait à rien de ce que j’avais pu voir jusque là. Perplexe car il m’était impossible de dire si j’avais aimé ou pas l’exposition.
Dans le doute, je décidai d’y retourner, ma fille de sept ans sous le bras.
Dès l’entrée, c’est l’emballement ! « Oh maman, regarde, une voiture pelouse ! » Elle disparaît, survoltée. Dix minutes plus tard, je la retrouve plantée devant la reconstitution de la tombe du frère de Dali. « Chut, me dit-elle, parle doucement… il est enterré ici. » Je lui épargne la véritable histoire, celle où Dali, enfant, découvre l’existence d’un frère décédé avant sa naissance. Toute sa vie, il traînera derrière lui le cadavre de ce frère mort, dont il porte le prénom : Salvador. Cet épisode explique son obsession de la mort mais également cette affirmation excessive de vie qui le caractérise. Comme si tout son être (excentricité comprise) voulait prouver au monde et à lui-même: « Je suis le frère vivant ! »
On continue. Elle est fascinée par les fourmis, comme l’était Dali. Enfant, il les observait dévorer les restes d’animaux morts. Très présente dans son oeuvre, la fourmi symbolise la pourriture et la décomposition. Entre fascination et répulsion.
On croise également des sauterelles (Dali en avait une peur bleue) et des escargots. Ces derniers évoquent la fascination de l’artiste pour la dualité dur (coquille) / mou (corps). Un peu comme l’oeuf, également symbole de pureté et de perfection. Ou l’oursin.
Amusée, elle découvre les montres molles. « Ce sont des montres camembert, lui dis-je. » Mon explication lui suffit. Tant mieux, je me voyais mal évoquer les différences de perception du temps. Lui expliquer que si une minute est toujours une minute (scientifiquement parlant)… sa perception, elle, peut varier d’une personne à l’autre, d’un contexte à l’autre. Chaque chose en son temps !
Mais plus encore que les fourmis, les sauterelles, les escargots ou les montres molles, ce sont les tiroirs qui semblent la subjuguer. Là aussi, je fais l’impasse sur la théorie freudienne de l’inconscient et lui parle plutôt des « secrets cachés ». Toutes ces parties de nous que nous connaissons ou pas, que nous acceptons ou pas. Et qui s’expriment par les rêves ou les cauchemars.
Contre toute attente, elle s’étonne à peine des éléphants daliniens. « T’as vu maman, des éléphants avec des pattes d’araignées et des sabots de cheval ! » Un enfant n’en a que faire de l’évocation du désir, de la puissance symbolisée par l’obélisque, de l’apesanteur évoquée par l’ensemble. Il laisse ça aux adultes.
L’expo Dali se raconte comme une histoire : de Salavador, l’enfant… à Dali, l’artiste mégalo. En passant par le surréalisme, les symboles daliniens et Gala (épouse, muse et modèle de l’artiste). Et les histoires, les enfants adorent ça ! Tout comme les moustaches d’ailleurs !
Dali était un « homme spectacle ». Et l’expo Dali est à son image : théâtrale, pluridisciplinaire, improbable, flamboyante, fantaisiste, décalée, exubérante, audacieuse, … Au travers de plus de 150 oeuvres authentifiées, elle offre une plongée initiatique dans l’imaginaire de Dali.
Alors ? L’expo Dali ? A voir ?
Aujourd’hui, je vous réponds par l’affirmative, sans hésitation. Alors oui, l’expo Dali est grand public. Alors non, elle n’est pas exhaustive. Mais elle a le mérite de matérialiser et de rendre accessible à tous (y compris à une enfant de 7 ans) un des esprits les plus complexes et les plus riches de toute l’histoire de l’art.
Expo de Salvador à Dali – Expo Dali Liège
Du 27 février au 31 août 2016
Gare de Liège-Guillemins
www.expodali.be
www.facebook.com/expodali
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