Musée Félicien Rops (Namur)

pornocrates

L’exposition Pornocratès dans tous ses états s’est terminée dimanche dernier.

Dans ce cas, pourquoi en parler sur Ma petite Histoire de l’Art ?

Parce que « Pornocratès » est une œuvre phare, d’un artiste belge incontournable : Félicien Rops. Et que celle-ci fait partie de la collection permanente du Musée Félicien Rops situé à Namur, la ville natale de l’artiste.

« Je sais que je ne respecte pas assez les notaires, que je suis étourdi comme un hanneton et insouciant comme un moineau, je sais que je ne suis pas « utile au bien de l’État » mais ce dont tu ne te doutes pas et ce qui ferait tomber en syncope tous « les gens sérieux » jusqu’à la cinquième génération mâle, c’est que je suis heureux et presque fier d’être ainsi et non aultre. »

Félicien Rops aimait choquer, transgresser les règles. Son « Pornocratès » n’est qu’un exemple (parmi tant d’autres) de son goût pour la provocation.

Réalisée en 1878, cette œuvre n’a été exposée que bien plus tard, en 1886, lors du Salon du groupe d’avant-garde les XX à Bruxelles. Les visiteurs s’indignent et vont même jusqu’à demander au bourgmestre que l’œuvre soit retirée de l’exposition.

On y voit « une grande femme nue sur une frise, les yeux bandés, conduite par un cochon à queue dorée ». Ce qui choque à l’époque, ce n’est pas tant la nudité du modèle mais bien le fait que ce modèle (dénudé, certes) soit paré d’accessoires. Le corps féminin est par ce biais érotisé. Pire encore, il ne s’agit pas ici d’un nu académique lié à l’une ou l’autre mythologie. Non, Félicien Rops a représenté une vraie femme, séduisante, voluptueuse et… désirable !

Quel sens Félicien Rops a-t-il voulu donner à cette œuvre ? La « femme au cochon » semble libre, assurée, mondaine et provocante. Elle symbolise la modernité. Le cochon, les instincts, les plaisirs. Les deux piétinent une frise, symbole des arts classiques figés dans la pierre, de l’académisme (qu’il méprise). A leur passage, trois angelots prennent la fuite. C’est la victoire du modernisme sur l’académisme.

Avec « Pornocratès », Rops signe le point de départ du Symbolisme belge.

Au Musée Félicien Rops, vous découvrirez beaucoup d’autres facettes de l’artiste belge : sa maestria graphique, ses caricatures féroces, sa sublime série « La dame au pantin » déclinée sur 20 ans, ses voyages, sa passion pour la nature, sa rencontre avec Charles Baudelaire, ses illustrations, …

Et puis sa correspondance, aussi. Infatigable épistolier, Félicien Rops a échangé plusieurs milliers de lettres dont la plupart ont été répertoriées par le musée et sont progressivement publiées sur http://www.ropslettres.be. Une mine d’informations sur l’artiste et le contexte de l’époque.

« Si je devais voler une œuvre dans un musée, ce serait Pornocratès de Félicien Rops. » Ce n’est pas de moi, mais ça aurait pu ! J’aime cette œuvre depuis toujours. Pour l’élégance du trait et la nuance des tons. Pour l’image de la femme qu’elle véhicule. Une femme très « fin de siècle » qui fait dire à l’homme victime : « De quel indéfectible sortilège disposes-tu, ô terrifiante ? » (…)

Musée Félicien Rops
12, rue Fumal
5000 Namur
Belgique

Musée Félicien Rops : https://www.museerops.be
2500 lettres de Rops sur www.ropslettres.be
Sur Facebook : https://www.facebook.com/museerops
Sur Instagram : https://www.instagram.com/museerops

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