Robert Mapplethorpe.
On entend beaucoup parler de lui pour l’instant. Et pour cause : un documentaire sur sa vie et son oeuvre sera diffusé le 4 avril prochain aux Etats-Unis, sur la chaîne HBO.
En attendant que ce reportage arrive jusqu’à nous, intéressons-nous à ce photographe sulfureux qui fit scandale dans l’Amérique puritaine des années 70-80.
Robert Mapplethorpe est né à New-York, en 1946.
En 1963, il entre au Pratt Institute de Brooklyn. Il y étudie le dessin, la peinture et la sculpture. Son intérêt pour la photographie ne viendra que bien plus tard, début des années 70.
En 1967, il rencontre Patty Smith, rockeuse et poète. Une relation qui se transforme très vite en amitié. Elle devient sa muse. Ensemble, du haut de leur 20 ans, il vivent une vie de bohème entièrement dédiée à l’art et à la création.
Sa première photo, il la prend avec un Polaroïd, peu après sa sortie du Pratt Institute. Il intègre ses clichés dans des collages. Patty Smith est son premier modèle. Sa première expo s’intitule « Polaroïd » (à la Light Gallery de New York).
En 1975, il acquiert un appareil photo hasselblad grand format. Son univers est l’underground new-yorkais des années 70. Il photographie des amis, des artistes, des musiciens, des stars de films x, des anonymes de la communauté BDSM, des partenaires sexuels, …
Car oui, Robert Mapplethorpe est bisexuel. Aujourd’hui, c’est plutôt banal mais à l’époque, c’était une toute autre histoire. Rappelez-vous l’affaire du Stonewall Inn en juin 69. Pour la première fois, les homosexuels se rebellent et « sortent du placard ». La lutte identitaire commence, difficile et douloureuse.
Son homosexualité, Mapplethorpe la mettra au coeur de son oeuvre.
Fin des années 70, il fréquente avec assiduité le milieu sado-maso new-yorkais qu’il met en scène dans ses photographies, affirmant ainsi non seulement son goût pour les hommes mais également ses tendances BDSM.
Et puis, tant qu’à choquer, autant le faire jusqu’au bout : il se prend d’une passion dévorante pour le corps noir des afro-américains. Une fascination érotique qu’il exhibe crûment.
En 1980, Mapplethorpe rencontre Lisa Lyon, la première femme championne de bodybuilding. Commence alors toute une série de portraits dont beaucoup de célébrités new-yorkaises.
Il y a aussi ses (sublimes) natures mortes florales, redoutablement suggestives.
Porteur du sida, il décède en 1989, à 42 ans.
Ce qui frappe dans l’oeuvre de Robert Mapplethorpe ? Une grande maîtrise de la composition. Ses photographies noir et blanc sont esthétisantes (au sens classique du terme). Les mises en scène sont symétriques, stylisées, impeccables. Rien n’est laissé au hasard. Il y a dans son travail comme une quête éffrénée de perfection.
« Si j’étais né il y a cent ou deux cents ans, j’aurais été sans doute sculpteur mais la photographie est une façon rapide de voir et de sculpter ». Robert Mapplethorpe est un « sculpteur d’images ». Ses modèles ? Michel-Ange et Leonardo Da Vinci. Ceci expliquant cela.
On comprend mieux également pourquoi, entre le photographe et Andy Warhol, les débuts furent difficiles : culture classique contre culture pop !
« Il photographiait les bites comme des fleurs et les fleurs comme des bites. » J’aime beaucoup cette phrase. Elle en dit long sur le génie et la modernité de Robert Mapplethorpe.
Vivement les premières images de Look at the Pictures !
The Robert Mapplethorpe Foundation : http://www.mapplethorpe.org
Fan page : https://www.facebook.com/MapplethorpeFilm






